Associations, handicaps et diversités

Des gens qui souffrent j’en ai tant vu défiler,
mon métier c’est de les écouter afin qu’ils s’entendent parler
à force de déblatérer et de déballer ce qui est embrouillé,
le chemin de leur vie ils vont le trouver !
Souvent c’est une souffrance intérieure liée à une perception personnelle de leur histoire,
une « interprétation » qui amène des « projections » comme on dit en jargon.
Mais quand la souffrance vient de la réalité extérieure c’est plus compliqué
parce qu’elle entre en écho avec notre intérieur et le transforme
Il y a une butée qu’on ne peut dépasser et ça nous écrase quand le changement est limité
alors faut r’trouver la simplicité malgré la complexité
Il y a des gens comme vous et moi qui du jour au lendemain voient leur vie basculer
par l’arrivée d’un bébé pas comme les autres, un enfant soleil chante Mannick
pour lequel la société n’est pas préparée, pas… adaptée,
Ces parents vont devoir lutter pour donner à leur enfant
une vie aussi belle et digne que celle de tous les enfants
il aura besoin d’un fauteuil à roulettes et d’un ascenseur
ou bien d’un répétiteur et d’un ordinateur
ou encore d’un… je ne sais quoi
d’ailleurs tout enfant a besoin d’un je ne sais quoi
avec de l’amour autour et dedans et dessus et dessous
Et les frères et soeurs il ressentent quoi ?
Il y a des enfants qui un jour se trouvent avec des parents qui deviennent
comme des enfants
dont il faut s’occuper pour leur donner à manger, pour les changer
on appelle cela… la perte d’autonomie
Il y a les maladies graves qui un jour se déclarent sans crier gare,
au mauvais moment, c’est toujours au mauvais moment,
on allait se marier, attendait un bébé…
Il y a les accidents, c’est bête un accident, il ne se demande pas
si on avait des enfants à élever, si on voulait voyager,
et tout à coup il faut des soins, recevoir la becquée
Le handicap c’est nous que lorsqu’il nous arrive
alors on prévoit pas
Sans parler de ceux qui se découvrent un ami alcolo, une épouse toxico
ou le frère qui disjoncte, la voisine battue, la cousine qui s’enferme, l’ado qui se mutile…
Des trucs qui couvent pendant si longtemps
qu’on voit rien venir tant on n’y croit pas
Et le décès précoce ou brutal d’un enfant, d’un conjoint, d’un parent…
On peut même évoquer guerres, coups d’Etat, catastrophes
naturelles ou provoquées
qui font les torturés, les déportés, les réfugiés, les exilés…
ça fait du monde qui peut se sentir mal pour des causes objectives
indépendantes du statut socio-économique
et qui doit trouver des solutions.
D’abord la surprise ça paralyse, puis on sait pas comment rebondir, on s’affole
Alors on fait quoi ?
On ouvre des maisons pour s’en occuper, on cherche des « lits »
mais ça suffit pas, c’est jamais assez
et puis souvent c’est loin et c’est pas comme chez soi

Pourtant il faut bien s’éloigner parfois, surtout pour souffler
Porter quelqu’un du lit au fauteuil et du fauteuil au lit ça use

Entendre son enfant hurler toute la journée parfois ça peut rendre dingue
Parfois… c’est pas tout le temps
ce qu’il faudrait surtout c’est apprendre à vivre AVEC
réapprendre à vivre APRES
C’est vrai quoi la vie continue différemment

Il y a quelques gestes qu’on ne peut plus faire
et d’autres qu’on devra faire alors qu’on n’y pensait pas
avec un peu de temps on s’habitue, on les apprend
quoique l’intimité chaque jour dévoilée à une « tierce personne »
même habitué, c’est pas évident
donc ce qu’il y a surtout c’est le regard des gens,
le regard des gens c’est insupportable, ils ne savent pas – quand on n’a pas mal on s’doute pas
et s’ils s’apitoient c’est pire, et pis parfois soi-même on devient méfiant
Alors ce projet pour se rencontrer
pour se parler apprendre les gestes dire les mots se regarder
je propose un lieu facile à monter
pour expérimenter pour inventer pour essayer pour se tromper
et recommencer un lieu pour planter et pour explorer
pas un lieu de paumés, de cinglés ou de désespérés
mais un lieu de fêlés
où la fêlure des uns nourrit celle des autres
Donc un lieu d’idées pour mettre en pratique
la solidarité la complémentarité la mutualité
un lieu d’éclairés un lieu de gratuité
pour protéger NOS fragilités, les Magnifier !
On peut y rester un moment, une journée
si on veut manger il faut cuisiner, les uns pour les autres,
pour y dormir il faudra construire
en attendant on va s’arranger et se contenter de qui on est
Et les sous ? me direz-vous !
on ira en chercher,
mais d’abord on va échanger pour pas les gaspiller
Quand on vient on peut proposer autant que chacun, même les invités
parce qu’on va inviter des gens qui ont planché
pour qu’il nous racontent ce qu’ils ont pigé
et puis des artistes qui ont créé des tas d’Univers
pour nous faire rêver, pour nous faire penser, pour nous faire pleurer
et ici aussi on pourra créer chanter danser se marrer crier
penser rêver pleurer se révolter Exister
ça parait compliqué… j’ai l’air de mélanger
les soucis des uns sont pas ceux des autres, il faut les sérier !
d’abord faut déterminer si on est malade ou handicapé :
la santé c’est national, le handicap c’est décentralisé
bien sur c’est chiadé, faut décortiquer pour répondre aux besoins et pour financer
On voit pas que c’est étriqué et que l’humain finit par s’étioler
à être ainsi découpé et les gens divisés
Dans ce monde azimuté les singularités ne savent plus s’assembler
faudrait juste retrouver un peu de communauté pour faire grandir l’Humanité
les gueules cassées peuvent nous montrer si on veut les écouter Oser les regarder
j’suis ok pour piloter, pour commencer une poésie pour interpeller
et un terrain pour terreau
Qui que vous soyez si vous êtes intéressé
pour participer,
pour porter,
pour pianoter,
pour cuisiner,
pour élaborer,
pour surfer,
pour ce que vous Voulez
vous pouvez me contacter

handicapestmoi.fr